Res Publica Victi

* Cette histoire n’est que pure fiction tirée de faits réels. Afin de préserver leur anonymat, les noms des protagonistes ont été modifiés, ainsi que les noms des lieux et des groupements.

Le Général Loogmire entra en trombe dans la salle du Conseil où ne siégeait actuellement que le Président Justin. Ce dernier dirigeait la Republica d’une poigne de fer dans un gant de velours depuis d’innombrables années et le poids des responsabilités reposait sur ses épaules voûtées de vieillard avachi.

- Président Justin, hurla le Général, c’est inadmissible ! Cela fait à présent 5 jours terrestres que les empires de la Republica sont sans cesses agressés par les troupes de cet infâme pirate Foudridri, appartenant au non moins infâme Groupement des Anges Chevelus.

Le Président sursauta, il n’aimait pas être réveillé ainsi en sursaut pendant qu’il s’occupait des affaires de l’Etat.

- Mmmmmh qui çà ? Ha Foudridi… C’est un GAC !

- Oui, Président, cinq jours qu’il pille nos planètes, viole nos femmes, nos poules et nos moutons, tue nos enfants, tague nos hangars et se soulage dans nos piscines municipales. Cela ne peut plus durer, il faut faire quelque chose.

Scrrrriiiiitch, scriiiiiiitch, scriiiiitch faisaient les longs ongles sales du Président alors qu’il se grattait le sommet de son crâne dégarni en essayant de trouver une réponse adéquate. Enfin il répondit la phrase que tout le monde connaissait depuis longtemps :

- Mhoooouuuuiiiii… Nous allons réunir le Conseil pour débattre de ce grave problème.

D’un geste lasse, il appuya sur un petit bouton situé sur l’accoudoir de son fauteuil présidentiel 100% simili skaï et s’adressa à sa secrétaire personnelle

- Mireille, veuillez je vous prie convoquer les Hauts Membres du Conseil de Republica, faites cela par envoi recommandé express avec confirmation de réception en double exemplaires dûment datés et signés.

Puis s’adressant à nouveau au Général Loogmire

- Je vous remercie de votre empressement à me signaler cette menace, Général. Soyez assuré que nous prendrons les décisions nécessaires dans les plus brefs délais. Vous pouvez vous retirer à présent. Comme vous faites partie également du Conseil, veuillez remettre en double exemplaire dûment datés et signés la confirmation de réception de votre convocation que je vous fais oralement à l’heure présente et selon le protocole A278bis aliéna 153 du Code de Loi 174945B213.

- Mais, Président, sans vouloir manquer de respect ni à la Republica, ni à votre honorable et auguste personne, ne pensez-vous pas que cela risque d’être fort long ?

- Long ? Non, je ne pense pas et puis il faut respecter nos lois et directives, sinon que deviendrait la Républica n’est-ce pas ?

- Certes Président, certes. Respectons la procédure et revoyons-nous à la réunion.

Trois semaines plus tard, le Général Loogmire discutait à nouveau avec le Président. La réunion était terminée depuis une petite heure et il fallait mettre en œuvre ce qui avait été décidé entre les Hauts Membres du Conseil après plusieurs jours de débats acharnés

- Président, disait le Général, je sais qu’il a été décidé de passer par un vote de tous les empereurs formant la Republica, mais ne craignez-vous pas que cela donnera du répit à ce fourbe de Foudridri. Il n’a pas cessé ses exactions, plus de 400 de nos plus précieux bâtiments sont tombés sous les bombardements de ses vaisseaux. Certains de nos empereurs ont tenté de riposter, mais leurs flottes ont été anéanties en même temps que celles du vil pirate. Mais le pire, c’est que ce dernier possède, dissimulée au plus profond d’une grotte secrète, une malle au trésor dont on dit qu’elle ne se vide jamais. Grâce à celle-ci, il a la faculté de se racheter des multitudes de vaisseaux et revient chaque fois à la charge. Comme vous le savez, le seul moyen de nous débarrasser de lui serait de l’attaquer massivement, en frappant un grand coup. Il faut agir au plus vite !

- Mon cher Général, nous ne pouvons contourner les lois de la Republica. Le Conseil a décidé, après longue réflexion, qu’il fallait passer par un vote hypocritique… Pardon, je voulais dire démocratique, comme c’est le cas pour toute décision de l’Etat et ce même si celles-ci sont déjà prises par le Conseil, vous le savez fort bien. Un peu de patience voyons, d’ici quelques semaines la décision sera prise, tout va bien.

Le Président regarda à gauche et à droite afin de vérifier qu’ils étaient bien seuls et poursuivi en murmurant :

Et puis comme çà on sera pas obligé de se lancer dans une folle guerre contre les Anges Chevelus. Faut pas délirer, si on lance un raid contre le pirate Foudridri, ses copains vont se rappliquer illico et là on va en prendre plein les coucougnettes. Non… Non, Général. Laissons le peuple décider de notre destin, ainsi il ne pourra nous reprocher d’avoir pris une mauvaise décision. Cà prendra quelques semaines avant que tout le monde ait voté. Qui sait, d’ici là le pirate se sera peut-être lassé et nous aura fiché la paix…

Le temps passa, les votes allaient bon train, un tous les deux jours environs, quand tout allait bien. Le Président vint enfin s’enquérir du résultat de ceux-ci. Pour rappel, la question posée au peuple fut : Lançons-nous un raid contre Foudridri ?

Ce jour là, lorsque le Président arriva au palais, le bâtiment avait bien triste mine. Il s’enquit du pourquoi du manque d’entretien des lieux et l’un des rares serviteurs encore présent répondit :

- le personnel n’était plus paillé depuis deux semaines, M’sieur l’Président, le fourgon transportant leur salaire a été intercepté par le pirate Foudridri. Alors comme ils étaient plus paillé, ils sont parti M’sieur l’Président. Moi je suis resté parce que les frigos sont pas encore tout à fait vides et que çà me fait de la nourriture à l’œil, vous comprenez ?

En maugréant sur l’incivilité du personnel présidentiel, le Président entra dans la salle de vote. Celle-ci était déserte, hormis un préposé qui ronflait, à moitié affalé sur une table. De sa canne, le Président tapota le coin de la table ce qui eut pour effet de réveiller brusquement le fonctionnaire. Ce dernier, clignant des yeux, reconnut enfin son bon Président et se leva précipitamment, confus.

- Alors, dit le Président, où en sont ces votes ?

- Heu… Un petit instant Monsieur le Président, je vous dis çà de suite, répondit le fonctionnaire en consultant ses fichiers. Voilà, alors… Il y a encore 4 empereurs qui n’ont pas répondu… Mais on m’a appris qu’ils s’étaient suicidés de désespoir…. Mmmmmh, ha, voici les résultats : 23% de voix pour, 54% d’abstention et… 23% de voix contre.

- Hum… le moment est grave il faut que je tranche.

- Heu… je ne crois pas qu’il soit encore nécessaire de prendre une décision Monsieur le Président.

- Comment cela et pourquoi donc, jeune impertinent ?

- C’est à dire… le pirate Foudridri, depuis le temps qu’il attendait que vous fassiez quelque chose, voyez-vous… çà l'a fait réfléchir. Il sait dit que tout compte fait, il avait peut être autre chose à faire avec son trésor inépuisable… On dit qu’il s’est retiré dans une Ile tropicale, entouré de jeunes beautés, de cocotiers, de soleil et de coupes de beri-champagne. On dit même qu’il a changé de nom et qu’il se fait à présent appelé Doudridri.

- Ha, voilà une affaire rondement menée, s’exclama le Président. Vous voyez bien que la Republica, par le respect des procédures et de la démocratie, parvient toujours à trouver la bonne solution !